Steve Small

Mmm, les beaux navets ! Hervé, le lièvre roux, les tient bien serrés contre lui. C’est lui qui les a cultivés et il n’a pas la moindre intention de les partager avec qui que ce soit. « Pour quoi faire ? Si je donne mes navets, j’en aurai moins pour moi. » Logique, n’est-ce-pas ?

Lorsqu’un lapin nouvellement arrivé se présente à lui pour lui emprunter de ses navets, le coup d’œil qu’Hervé lui lance est très parlant, comme toutes les expressions et attitudes des personnages représentés.

Heureusement pour la famille de lapins, elle est mieux accueillie par les autres petits animaux, résidents habituels de ce coin de forêt joliment peint. Alors, non seulement ces lapins s’installent et font pousser avec énergie de superbes plants de carottes, mais, en plus, ils en font profiter les autres en organisant de joyeuses soupes communes. Ah mais non, Hervé l’énervé n’en veut pas ! Il ne comprend pas « comment on peut partager ce qu’on a eu tant de mal à cultiver et qu’on possède en si petite quantité ».

C’est alors qu’il se trouve nez à nez avec un sanglier glouton qui dévore les navets qu’il porte, puis se dirige vers la plantation de carottes des lapins. La stratégie astucieuse qu’Hervé déploie pour aider les lapins fait craquer le jeune lecteur. À la fin de l’histoire, certes notre héros a perdu son propre carré de navets, mais il a tellement, tellement gagné que la réaction de tout un chacun justifiera la dédicace de l’auteur : « À celles et à ceux qui trouvent naturel de partager et à tous les autres qui ont besoin d’un petit coup de pouce. »