Sophy Henn

Je déteste tout ! Voilà qui est péremptoire et qui ne fait pas dans le détail ! Les affirmations de ce personnage sont catégoriques. C’est écrit en gros caractères dans une bulle qui pointe vers sa bouche, grande tache noire en dessous d’une paire de sourcils courroucés. Il n’y a pas davantage de précisions dans le dessin du deuxième acteur de la scène qui lui donne la réplique.

Tout l’album est constitué de leur dialogue sur des fonds très colorés. Seules leurs expressions varient, mises en évidence par un graphisme minimal, mais très expressif.

Après avoir émis un doute « vraiment ? », le deuxième interroge avec une apparente naïveté : « Tu me détestes ? ». Yeux et bouches s’expriment. « Non je ne te déteste pas. Mais je déteste TOUT le reste ! » Là, pour le coup, ça doit être définitif. Pourtant, de question en question, le plus petit des deux interlocuteurs va réussir à faire sortir l’autre de ses certitudes. Ainsi, il lui fait redécouvrir et admettre qu’il aime les bonbons et les ballons, les fleurs, le football, les papillons … sa maman, tandis que son expression s’adoucit.

Un tout jeune lecteur très fâché peut se reconnaître dans le grincheux qui prend conscience de tout ce qu’il aime autour de lui. TOUT en somme ? Non ce n’est pas possible, bien sûr, et un petit embarras final l’appelle très judicieusement à la nuance.