Thibault Prugne

L’album s’ouvre sur un magnifique tableau en clair-obscur. Un garçon assis sur un siège trop haut pour lui joue d’un instrument à cordes, les yeux fermés. Une lampe tempête posée sur une table près de lui, met en relief les veinures du bois d’un mobilier rudimentaire et donne un éclat singulier à son visage et à ses mains fines en place sur sa guitare.

On connaissait les délicates peintures de Thibault Prugne dans Le souffleur de verre et dans Le dompteur de vent. Il continue à jouer des reflets et des transparences dans l’histoire de ce petit Téo, orphelin à 2 ans, dont la guitare, ce charango d’Amérique du sud, est tout ce qui lui reste de ses parents. Le charpentier de marine qui l’a adopté espérait lui apprendre son métier, mais l’enfant s’y révèle totalement inapte. En revanche, il a la musique dans le sang. « Téo entend de la musique partout : dans le cliquetis des mâts et le clapotis des vagues, dans le chant des mouettes et le souffle du vent. » Lorsqu’il découvre les roulottes d’une famille de musiciens itinérants, retenues par la marée haute, c’est avec des étoiles plein les yeux qu’il mêle ses notes aux leurs et « se sent vraiment lui ».

L’album aurait pu se suffire à lui-même. Un CD l’accompagne, dont le récitant lit juste et bien. À partir de la rencontre de Téo avec celle qui va devenir sa nouvelle famille, une intéressante  musique aux sonorités gitanes et boliviennes prend une place grandissante, jusqu’à remplir plusieurs plages du disque.

Hasta luego, au revoir Téo. La musique de ton charango « transporte bien plus loin qu’un bateau. »

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