Daeninckx, Pef

Quelque part en Creuse, sur la place d’un village, se trouve le tristement habituel monument aux morts, avec sa sinistre liste de soldats de la commune tombés en 1914-1918. À Gentioux, il y a en plus l’étonnante statue en pierre d’un gamin d’une dizaine d’années et l’inscription gravée « Maudite soit la guerre ». C’est elle qui a inspiré le célèbre tandem d’auteurs de cet album, réédité à l’occasion des 110 ans de la première guerre mondiale.

Le héros du livre s’appelle Fulbert. En ce mercredi 11 avril 1917, dans la salle de classe de son village, sur les murs et sur le tableau noir, on peut lire des maximes patriotiques. L’instituteur annonce le travail du jour : les garçons doivent rédiger une lettre pour leur père qui est au front. Car « rien de tel, pour le moral d’un soldat, que de recevoir une lettre de son fils. Vous avez deux heures pour trouver les mots qui donneront du courage à ceux qui défendent notre patrie au péril de leur vie, vos pères ».

Cela déclenche soudain chez Fulbert une décision insensée. Au bout d’un difficile voyage, il apporte lui-même sa lettre à son père, jusqu’aux tranchées vers le Chemin des Dames et rencontre « des ruines de maison, des clochers pulvérisés, des arbres décapités, des champs creusés par les bombes, un horizon en feu ».

Une histoire romancée, certes, mais qui est l’occasion pour les deux auteurs engagés de prôner la paix comme un bien absolu. Aux jeunes lecteurs, elle permet de prendre un peu mieux conscience de ce qu’est une guerre dont le seul qualificatif possible est « maudite ».