Alain Serres, Zaü
Chaque année, à la veille du 6 Août, la petite Yoko accompagnée de ses parents, rend visite à la sœur de sa grand-mère. Cette fois-ci, elle y va seule, bien décidée à obtenir de sa grand-tante des réponses à ses questions, devenues plus pressantes encore depuis qu’elle a grandi et que sa correspondante américaine a appris où elle vivait.
« Hiroshima 6 Août 1945, tu vas t’en souvenir pour de vrai cette année, tante Tsukiyo ? » Tsukiyo lui raconte alors des souvenirs de son enfance heureuse. La fillette insiste « et à 8 heures 15 ce jour-là ? » Dans un long récit, la vieille dame lui décrit comment la bombe, déviée par le bec d’une grue, a fini dans le ventre d’un poisson-lune cependant que la ville se couvrait de cerisiers en fleurs.
La fillette pense qu’elle fabule délibérément ; elle ne se rend pas compte que la tragédie a tellement affecté sa tante qu’elle l’a détraquée à jamais et que seul un conte peut être toléré par son cerveau fatigué.
Pour raconter avec délicatesse aux enfants ce qui s’est passé il y a 80 ans, l’éditeur a gardé l’album disponible. De magnifiques illustrations couvrent la majeure partie de ses pages et font rêver. En marge de la touchante fiction qui interpelle forcément les lecteurs, de petits encadrés en noir et blanc présentent des documents de l’époque. Par exemple une photo d’alors accompagnée de « une boule de feu de 1 km de diamètre s’abat sur la ville. La température au sol atteint 4000°C. Humains, bâtiments, végétaux, tout prend feu et est réduit en cendres instantanément ».
Chacun retiendra dans cet excellent album ce que son âge comprend et, au fur et à mesure, peut admettre.