Han Xu
Le Petit Chaperon rouge doit traverser la forêt pour apporter un gâteau à sa grand-mère … Peut-on vraiment encore extraire du nectar de cette histoire tant lue, plagiée, déformée, ressassée, détournée ? Eh bien oui !
Une canne, des lunettes noires, on l’a compris, le petit chaperon rouge de cet album n’y voit rien. Son chemin est parsemé d’embuches. Le lapin l’encourage : « si tu ne peux pas voir, tes oreilles peuvent entendre ». Ensuite un hérisson : « si tes yeux ne voient pas, tu peux au moins toucher avec tes mains ». La mouffette croisée un peu plus loin l’exhorte : « tu peux sentir les odeurs avec ton nez ». Sombres au départ, les illustrations deviennent de plus en plus colorées à mesure que la fillette tire parti de ses propres facultés que lui révèlent les animaux de la forêt. Elle entend alors l’herbe crisser, elle touche de grandes oreilles et des dents pointues, elle remarque une mauvaise odeur. C’est, bien entendu, le loup qu’elle vient de rencontrer. Tandis qu’il s’imagine ne pas être reconnu et se réjouit de son prochain repas, la fillette lui fait faire tout ce qu’elle veut, jusqu’à ce qu’il bondisse sur elle et retombe –par le plus grand des hasards ! – dans un trou très profond.
Un nouveau regard, le mot s’impose, sur le Petit Chaperon rouge, pour une savoureuse histoire pleine d’intelligence malicieuse.