Agnès de Lestrade, Nina Six

Il a presque un nom de fleur ce Monsieur Bigounia. Quand il s’est installé dans le village, les gens l’ont regardé de travers. « Sa barbe était recouverte de pâquerettes. Sur ses épaules, des escargots poussaient la chansonnette. Et une ribambelle de papillons le suivait partout. »

De grandes aquarelles rendent compte de la douce nature qui entoure monsieur Bigounia et du sympathique laisser-aller de son jardin. Les enfants du village trouvent vite en lui un compagnon de jeu. Ils sont conquis par les activités qu’il leur propose : courses de vers de terre, chant avec les grillons, fabrication de glace aux orties…

Bras croisés, visages revêches, leurs parents, eux, considèrent avec méfiance ce nouvel habitant si original qui laisse libre cours aux mauvaises herbes de son jardin et aux insectes qui les butinent. Entre eux, aucune entente ne semble décidément se profiler.

Mais, lorsque les villageois souhaitent participer au concours  du plus beau village fleuri qu’ils avaient si bien raté les années précédentes, il apparaît bien vite que leurs roses, tulipes, magnolias ont piètre allure. Heureusement, leurs enfants les exhortent à suivre les conseils de monsieur Bigounia, « dorloter la terre, la cajoler, chanter des berceuses aux graines en les semant ». On voit alors, les fleurs s’épanouir, « et le cœur des habitants s’épanouit avec elles ».