Germano Zullo, Albertine
La silhouette un peu gauche d’un homme apparait en pleine page. Il tient dans les bras une maquette de bateau. C’est Giorgio, 30 ans. Sur la page voisine, une lettre qu’il adresse à Joëlle, Florence et Max, une lettre qui exprime de la tendresse et aussi : « J’espère qu’avec le temps les blessures dont je suis responsable pourront se refermer ». Sur la double-page suivante, une mère et ses deux enfants sont installés chez eux, à table. Pas un mot. La mère, c’est Joëlle, 30 ans. Une lettre d’elle à Giorgio lui signifie leur rupture et une organisation à venir : « si les enfants souhaitent venir te voir, je ne les empêcherai pas. Une employée des services sociaux les accompagnera. »
S’il restait un doute au lecteur, la camionnette de la poste qui livre le courrier derrière un grand mur de briques, puis la distribution des lettres dans une enceinte surveillée, font comprendre l’irruption de la prison dans la vie de cette famille.
Chacun est profondément atteint et réagit à sa manière au fur et à mesure que le temps passe. La mère tente en vain de refaire sa vie ; Florence, pleine de révolte, refuse les lettres de son père, piétine les bateaux qu’il lui fabrique et accumule les bêtises avant de trouver sa voie ; quant à Max, il s’accroche à la collection de bateaux que papa lui a faits et aux rêves qu’ils véhiculent.
Des gouaches toutes simples, des mots sobres et vrais traitent ce sujet difficile avec sensibilité. Les phrases et images d’une grande délicatesse disent au jeune lecteur que « tous les bateaux ne prennent pas la mer ».